
Inaction climatique
En ce début d’année, le vœu que les temps changent se fait omniprésent… Le climat quant à lui change, les experts du GIEC l’ont encore martelé. Face à l’urgence climatique, l’accablante inertie, à commencer par celle de l’État français, pousse les citoyens à saisir la justice pour qu’advienne un véritable sursaut. Les initiatives se multiplient, comme à Valence avec l’association Bancs Publics…
L’affaire du siècle : mettre le pouvoir face à ses responsabilités
Les discours ne suffisent plus, la situation impose des décisions concrètes pour garantir des conditions de vie soutenables aux habitants qui peuplent la planète, ici comme ailleurs… Par conséquent, les citoyens et associations n’hésitent plus à engager des actions juridiques pour sommer l’État ou les collectivités à prendre leurs responsabilités. Les ONG Oxfam, Greenpeace, La Fondation pour la Nature et l’Homme et Notre affaire à tous ont ainsi lancé une pétition nationale sous la bannière de « l’affaire du siècle » visant à contraindre l’État à agir en faveur du climat. Quasiment 2 millions de pétitionnaires se sont ralliés à cet appel sans équivoque.
Une initiative nationale, des déclinaisons locales comme à Grande Synthe ou Valence…
Le Maire de Grande Synthe (22000 habitants), avait été précurseur de « l’affaire du siècle » en déposant un recours contre l’Etat en novembre dernier, dossier porté par l’avocate et ancienne Ministre Corinne Lepage. Le recours exige que la France respecte ses engagements de réduction de gaz à effet de serre.
A Valence, l’association Bancs Publics a elle aussi pris le parti de s’en remettre à la Justice en dénonçant un projet de parking privé en plein centre piéton de la Ville. « Réchauffement climatique : l’heure est à la végétalisation. Émissions de gaz à effet de serre : il n’est plus question d’attirer des voitures en hyper-centre mais plutôt de développer les modes de déplacements doux, des transports en commun efficaces. Et n’oublions pas les espaces publics : ils jouent un rôle central pour permettre de créer et renforcer des vraies poches de respiration en milieu urbain » explique Jean-Marie Zeltner, médecin retraité habitant Valence depuis plusieurs années et membre fondateur de Bancs Publics. « Rappelons que Valence affiche une piètre qualité de l’air – notamment du fait de la proximité de l’autoroute. Face à ce problème sérieux, Bancs Publics appelle à des choix d’aménagement responsables, respectueux de la santé des Valentinoises et Valentinois ».
En juin 2018, Bancs Publics a déposé un recours devant le Tribunal de Grenoble afin de demander l’annulation de la délibération prise par le Conseil Municipal fin 2017 qui entérinait la création d’un parking Place Manouchian. Pour Bancs Publics, ce projet est « totalement passéiste : il revient à supprimer un espace public alors même qu’il n’y a pas de besoin de stationnement supplémentaire et incarne une vision dépassée tournée vers le tout-voiture sensé sauver le commerce ». Une erreur symptomatique déjà commise par le passé si l’on songe à l’autoroute qui jouxte la Ville qui n’a pas rempli ses promesses et pose de graves problèmes de santé. « Il est temps de changer nos façons de faire la Ville en tenant compte du dérèglement climatique. Nous estimons qu’en décidant de créer un parking inutile en plein centre-ville à Valence, la Municipalité est défaillante, qu’elle ne répond pas aux prescriptions d’une Ville durable. Nous souhaitons une place végétalisée, avec du beau mobilier urbain, des pergolas et des jeux pour enfants, un agencement capable de juguler l’effet d’îlot de chaleur l’été mais aussi d’offrir à l’année un lieu de convivialité aux habitants et visiteurs ».
Mais face à l’urgence climatique, les délais imposent d’être patients, le jugement ne devrait intervenir qu’à fin 2019. En attentant, 58 places de stationnement devraient éclore sur ce qui conviendra d’appeler le «Parking Manouchian ».